Cette crise mondiale a des effets multiples notamment celui d’accentuer les inégalités des populations les plus vulnérables.
Au moment où la Cour Suprême du Brésil accède à la demande des tribus isolées d’Amazonie de les protéger de la pandémie, le virus continue sa progression dans les profondeurs de la forêt tropicale. La crise du COVID aura révélé de la mondialisation, des facettes peu réjouissantes…
La Cour Suprême a ordonné au gouvernement brésilien de mettre en œuvre un plan pour empêcher la propagation de la COVID-19 dans les territoires autochtones, en particulier ceux qui abritent des tribus “isolées” ou récemment contactées.
À ce jour, plus de 25 000 autochtones de 146 communautés tribales ont été testés positifs au coronavirus à travers le Brésil. Près de 700 d’entre eux sont morts.
Les plaignants à l’origine de cette initiative demandent l’expulsion immédiate des bûcherons illégaux, des mineurs et des spéculateurs fonciers présents dans sept territoires autochtones dispersés à travers l’Amazonie. Le refus de la Cour d’imposer un plan concret pour leur éviction a tempéré la joie des dirigeants autochtones. « C’est une victoire incomplète », a déclaré Beto Marubo de l’Union des peuples autochtones de la vallée de Javari.
La pandémie actuelle réveille de douloureux souvenirs
Le vaste territoire de la vallée de Javari, dans l’extrême ouest du Brésil, qui héberge la plus forte concentration de communautés autochtones isolées au monde, préoccupe particulièrement les responsables de la santé publique car les populations qui composent ces communautés ne possèdent pas de défenses immunologiques contre les agents pathogènes qui ont évolué hors de leurs territoires.
« Depuis le début de la colonisation du Brésil, ces peuples ont souffert et sont morts d’infections importées comme la rougeole, la variole, la tuberculose et diverses souches de grippe », déclare l’expert en santé autochtone Lucas Infantozzi Albertoni. Ces maladies ont conduit à l’extinction d’ethnies entières et à la désintégration sociale de nombreuses autres.
Le virus fait craindre un « génocide » des tribus isolées
Des rapports ont dores et déjà fait état de premiers cas de COVID-19 dans des villages proches d’un groupe isolé vivant dans la vallée de Javari.
Le 6 août dernier, une femme âgée de la tribu Kanamari a succombé à la maladie, à moins de 16 kilomètres des territoires d’une tribu isolée connue sous le nom de Flecheiros.
La crainte de propagation du virus est aggravée par le début de la saison sèche dans la région ouest de l’Amazonie. C’est la période de l’année où les eaux de crue se retirent et où des communautés entières – des tribus nomades en particulier – se mettent en mouvement en quête de subsistance.
Les dirigeants autochtones, déçus par la gestion de la FUNAI (Fundação Nacional do Índio – soit, “Fondation nationale de l’Indien”) ont porté l’affaire devant les tribunaux. Ils craignent que le refus de la Cour Suprême de fixer un calendrier pour expulser les intrus ne nourrisse un sentiment croissant d’impunité.
« En ce qui concerne les peuples isolés, le non-respect des mesures ordonnées par le tribunal pourrait entraîner le génocide de ces populations. » déclare Marubo.
D’après un article de National Geographic